Autisme et Dysphasie: pourquoi on ne peut pas les confondre
Pour faire suite et compléter mon article Autisme et Dysphasie: pourquoi on peut les confondre, et afin d'aider à bien différencier les deux, je propose aujourd'hui de lister les différences que j'ai pu constater.
Pour rappel, je suis maman d'une enfant multiDys, avec la dysphasie en trouble primaire, et depuis la création de ce blog, je suis devenue éducatrice spécialisée et je travaille au quotidien avec des enfants autistes.
Voici donc trois différences que j'ai pu clairement repérer
La recherche du lien avec l'autre
On parle souvent des autistes comme étant "dans leur bulle". Même si ce n'est pas généralisable de manière aussi caricaturale, et qu'il est souvent simpliste et faux de dire que les autistes ne cherchent pas de liens sociaux , je ne peux que constater l'exact opposé chez ma fille et les différents témoignages d'enfants dysphasiques.
Ma fille adore être en lien avec l'Autre, quel qu'il soit, adulte, enfant ou animal. Même si c'est plus difficile avec ses pairs, surtout à l'adolescence, où sa différence est plus marquée.
Depuis toute petite, elle a eu le don de s'intéresser aux autres, elle préfère faire une activité qu'elle n'aime pas avec quelqu'un, plutôt que de rester seule à côté de lui, à faire ce qu'elle aime, car ce qui l'anime, c'est le partage.
Un autiste ne va pas partager une activité qu'il n'aime pas pour la recherche de ce lien. C'est d'ailleurs une de leur caractéristique (l'altération des interactions sociales).
Un excellent décodage des émotions et pensées des autres
Ce point fait écho aux difficultés de décodages sociaux, que j'avais noté comme point commun entre autistes et dysphasiques. Mais, alors que pour les sens des mots, ils sont assez semblables, au niveau décodage des pensées, en sens inverse, il s'agit d'une aptitude puissante chez les dysphasiques.
Il ne s'agit pas simplement d'hypersensibilité, de simple éponge à émotions, non. Cela va bien au-delà de cela. La dysphasie est un trouble du langage oral. Mais, certainement en compensation de ces difficultés de langage, les dysphasiques décodent tous les signaux non verbaux avec une finesse hallucinante. Ma fille anticipe parfois ce que je vais dire ou faire, elle détecte mes humeurs, mes états d'âme. C'en est parfois flippant. Je lui dis qu'elle est télépathe.
Un exemple récent: un dimanche midi, je cuisinais avec elle (cf. point précédent: la recherche de lien). Et, ce faisant, je fais un mouvement vers un placard en disant "bon, tu sais quoi?"... Je la vois s'agiter et me retourne: elle avait pris une bouteille de vin rangée dans un autre placard. Elle me dit: "oui, tu as raison, après tout, c'est les vacances, faut profiter". J'allais prendre un verre et lui dire: "je vais boire un verre de vin". Ce que je ne fais JAMAIS le midi. Comment a-t-elle pu deviner? J'en suis restée sidérée... Bien-sûr, c'est un exemple parmi d'autres, j'ai parfois l'impression d'être un livre ouvert pour elle.
Lorsqu'elle était toute petite, j'ai longtemps été persuadée qu'elle ne parlait pas parce qu'elle n'en voyait pas l'utilité, vu que la communication se passe à un autre niveau chez elle. Elle s'est mise à parler car la majorité des autres humains n'ont pas ces aptitudes...
Les autistes en revanche ont du mal à décoder les émotions, cela est aussi une autre caractéristique de l'autisme. On a souvent dit qu'ils n'avaient aucune empathie. Ce qui est bien-sûr complètement faux. Des études récentes montrent qu'ils ne les capteraient pas parce que le monde va trop vite pour eux. En revanche, si on leur montre un visage filmé au ralenti, ils ont alors les mêmes réactions qu'un non autiste.
Des intérêts variés ou restreints?
Troisième grande caractéristique des autistes: des intérêts restreints. On pense à ces exemples d'enfants, qui connaissent tout sur un sujet précis. Les trains, les plans de métro, les pingouins, les reptiles... Ils sont obsédés par un sujet, ils en parlent tout le temps.
Qu'en est-il des dysphasiques? Ah, franchement, ce n'est pas si facile de répondre à cette question! Il semblerait qu'ils puissent avoir tendance à focaliser sur un sujet, eux aussi. Exemple de ma fille: les chevaux.
Mais je pense que cela relève plus de la familiarité d'un sujet qu'elle connait bien, et cela la rassure (cf. anxiété dans les points communs). Et puis, la dysphasie n'est pas incompatible avec une passion!
En revanche, j'observe beaucoup d'autres intérêts, souvent en lien avec l'actualité, ou ce qu'elle a pu partager avec des copines, des activités qu'elle a découvert en vacances...
Par exemple: lors du premier confinement, et avec l'apparition des premiers masques, elle a confectionné des masques à l'ensemble de ses peluches.
En janvier, ils avaient eu droit à des couronnes des rois sur mesure. Auparavant, ils avaient tous eux des colliers ou bracelets faits main. Elle va être très créative et changer régulièrement la déco de sa chambre. Elle va avoir ses périodes, ballon de basket, ping pong, ballon de basket... bref, elle sait s'occuper de manière très variée.
Donc malgré son côté très ritualisé, je ne la trouve pas si coincée dans des intérêts restreints. En revanche, je sens que certains intérêts forts sont là pour la rassurer.
Voilà pour ce petit tour d'horizon! J'espère que cela aura donné des pistes à ceux qui s'interrogent sur leur propre enfant!
A découvrir aussi
- Comment communiquer avec un dysphasique ?
- Dysphasie: les sons impossibles
- Autisme et Dysphasie : pourquoi on peut les confondre
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 355 autres membres