Etoile 10 (pour DYS)

Etoile 10 (pour DYS)

Une nouvelle vie pour ma fille : loin de l’éducation nationale, qu’est ce qu’on respire !

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Après un long silence sur ce blog, me voilà de retour pour vous donner des nouvelles de ma fille et moi-même.

 

Nous en étions resté au début de ses années ULIS collège, et moi, j’étais en formation pour devenir éducatrice spécialisée.

 

Quelques années ont passé, j’ai obtenu mes diplômes et me suis installée en libéral pour accompagner des enfants « à besoins spécifiques », comme l’éducation nationale les nomme « pudiquement »

 

Rapide bilan du collège Ulis

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Ma fille a fini ses quatre années de collège en décrochant un CFG (Certificat de Formation Générale) avec des résultats tout à fait honorables (320 points sur 400). Elle reste toujours aussi détachée des diplômes (en clair : elle n’en a rien à faire).

 

Il était grand temps que le collège se termine. L’inclusion a été complètement ratée deux années sur les quatre (5ème et 3ème), ses amies n’en étaient pas vraiment. Le relationnel avec les autres enfants était négligé, car la coordinatrice ULIS avait la croyance que c’était de toute façon compliquée, quoi qu’on puisse faire. Et puis elle n’avait pas le temps, l’important, c’était le scolaire. Pourtant, les dysphasiques ont quelques petites choses à travailler, notamment le décryptage du second degré et savoir alimenter la conversation...

 

Niveau scolaire justement, ma fille a énormément progressé à l’oral, elle s’exprime aussi mieux à l’écrit même si cela reste rudimentaire. Après, l’orthophoniste et moi-même avons beaucoup activé cela aussi, donc est-ce l’école ou est-ce le travail fait à côté ? On ne le saura jamais…

 

Au quotidien, il faut vivre avec sa dysphasie , et maintenant elle en a conscience, elle me demande de l’aider à exprimer « ce qu’elle a dans sa tête ».

 

Grosse déception côté mathématiques en revanche, et pourtant sa coordinatrice était professeur de mathématiques à l’origine : Alexia est toujours aussi bloquée, elle n’a pas progressé dans les maths fonctionnelles, même si, du point de vue de la grille de l’éducation nationale, elle a progressé, parce qu’elle sait reconnaître, écrire, additionner ou multiplier des nombres plus grands, ou reconnaître des figures géométriques plus complexes.

 

J’attendais impatiemment la fin du collège pour elle comme pour moi...

 

Changement radical de vie !

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Sitôt le collège fini, nous avons fait nos cartons, plié bagages et sommes enfin partis de la région parisienne ! Nous nous sommes installées dans la Drôme.

Et cela tombe bien, car ma fille a besoin de nature et veut y travailler.

 

Comme je l’avais évoqué dans un article sur les différentes orientations scolaires possibles en 2016, j’avais en tête les MFR (Maisons Familiales et Rurales) pour elle. Comme j’ai de la suite dans les idées, je n’ai pas lâché la piste et elle en a intégré une en septembre 2022.

 

Première belle nouvelle : les MFR ne dépendent pas de l’éducation nationale (oui, vous avez compris que je suis un peu fâchée avec l’institution, mais pas avec les enseignants!).

Ma fille veut travailler avec les animaux, elle sait même exactement ce qu’elle veut faire (masser les chevaux, chiens et chats), mais en attendant, on lui a conseillé de faire un CAPA dans les métiers de l’agriculture. Elle est quand même mieux dans la Drôme qu’à Paris pour le faire !

 

Elle est donc inscrite dans une MFR qui propose une formule adaptée à ses attentes : 12 semaines de cours par an seulement, en internat (parce que l’école est un peu loin et parce que ça fait du bien d’être loin de maman), avec des jeunes tous broyés par l’éducation nationale. Alexia se retrouve donc avec des jeunes comme elle et niveau intégration, ça fonctionne super bien ! Elle s’est tout de suite fait de vraies copines. Et j’ai eu la très nette impression que l’école était là pour réparer les dégâts qu’une scolarité compliquée avait eu sur leur confiance en eux.

 

Elle a une AESH mutualisée, mais elle me dit qu’elle n’en a même pas besoin. Il faut dire que les cours sont vraiment adaptés, avec peu d’écrits et des supports et contenus adaptés. La pédagogie est orientée sur la pratique et les projets. Par exemple, ils ont un projet « mini entreprise » où ils ont appelé des fermes pour avoir des pommes, ils les ont récoltées, ils en ont fait du jus de pommes, qu’ils vont maintenant vendre, pour ensuite organiser un voyage. La vraie vie, quoi !

 

Quand elle n’est pas à l’école, elle est en stage. Elle a commencé dans une ferme où la « patronne » est très attentive à son égard, et j’espère trouver d’autres fermes tout aussi bienveillantes.

 

Que dire de son évolution ?

 

Spectaculaire ! Ma fille déploie ses ailes, elle est rayonnante. Elle est à sa place. Elle trouve un équilibre entre le travail, l’école, la famille, les copines et l’équitation (dans un centre équestre qui n’a là encore rien à voir avec celui de la région parisienne).

 

Ses difficultés scolaires sont toujours les mêmes, mais comme la proportion d’école est bien moindre aujourd’hui et que ses camarades sont tous autant en difficulté qu’elle, le poids s’estompe.

 

Ce n’est plus si grave. Sa vie, ce n’est plus « être une élève stigmatisée par ses troubles d’apprentissage ».

 

Au niveau professionnel, elle est un peu lente, mais elle débute. Et puis, si elle doit être plus lente toute sa vie, mais qu’elle fait les choses avec sérieux, est-ce grave ?

 

Ce changement de vie est une réussite complète pour le moment. Bien-sûr, ma fille reste ce qu’elle est. Son fond anxieux s’apaise ici, mais ne demande qu’à ressurgir à la moindre contrariété. Elle conserve une rigidité mentale qui la dessert et contre laquelle je lutte. Et même si je la vois autonome, il reste du chemin pour qu’elle puisse gérer ses comptes, apprendre à conduire (les gros blocages toujours actuels). Car mon objectif, c’est bien qu’elle puisse se débrouiller toute seule.

 

Elle n’a que 16 ans, elle va encore bien grandir. En elle cohabitent une maturité exceptionnelle sur certains points (connaissance d’elle même) et une petite immaturité (relations avec ses pairs).

 

Je voulais vous dire : courage à tous les parents d’enfants DYS plus jeunes ! La vie, ce n’est pas l’école, et l’école n’a qu’un temps ! Privilégiez toujours l’estime de soi de l’enfant  sur tout le reste ! Car c’est elle qui va lui permettre d’avancer et de se dépasser, malgré toutes ses limitations qui sont réelles.

 



13/11/2022
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