l'aider au quotidien
Et si on focalisait sur les progrès de nos DYS?
Nos DYS ont des difficultés pour apprendre mais ils apprennent: soulignons leur progrès!
Le coup de blues post-bilan des spécialistes
Pour les parents, revenir d'un RDV avec un spécialiste est très souvent plombant. On nous en remet une couche à chaque fois sur les difficultés de nos petites merveilles, que l'on voit pourtant progresser tous les jours.
Pour ma part, après avoir découvert un nouveau trouble DYS pendant plusieurs années, et qu'on a fait le constat que c'est bon, c'est un sans faute: elle les a tous, on peut ensuite les qualifier.
Si je prends par exemple le dernier bilan de la neuropédiatre, la dysgraphie de ma fille est envahissante, sa dysorthographie est massive. Niveau langage, l'articulé est meilleur (ouf), mais la compréhension fine insuffisante (ah...). Les troubles de l'exploration visuelle en revanche sont persistants. La transcription est extrêmement coûteuse et inintelligible (traduction: elle fait beaucoup d'effort pour un rendu nul). Avec cela, il faudrait s'étonner qu'elle ait développé des stratégies d'évitement lorsqu'elle se sent mise en échec ou jugée (oui oui, c'est écrit noir sur blanc!)
Alors, moi, j'ai plutôt envie de me réconforter et de voir en quoi elle a progressé.
Ma fille revient de loin....
Lorsque ma fille avait 3 ans, elle ne disait pas un seul mot de façon intelligible. Aujourd'hui, même les inconnus la comprennent.
Lorsque ma fille avait 5 ans, elle était incapable de danser en rythme. Aujourd'hui, elle en est à sa troisième année de hip hop. Elle danse, et même sur scène à la fin de l'année, et tout ceci de façon tout à fait rythmée et ultra dynamique, sans aucune aide ni aménagement particulier!
Lorsque ma fille avait 6 ans, faire une phrase simple avec un sujet, un verbe conjugué et un complément était très compliqué, pour ne pas dire impossible. Aujourd'hui, elle fait des phrases de plus en plus complexes. Elle emploie le temps du verbe conjugué à bon escient. Et elle le conjugue correctement dans l'ensemble.
Lorsque ma fille avait 6 ans, elle n'écrivait pas un seul mot de façon lisible. Aujourd'hui, elle écrit ma liste de courses. Je la retrouve parfois dans sa chambre, à recopier des phrases d'un de ses livres. Pour s'entrainer. Pour me montrer qu'elle sait écrire.
Lorsque ma fille avait 7 ans, additionner 1+1 était paralysant pour elle. Aujourd'hui, elle sait compter sur ses doigts, elle sait soustraire aussi.
Lorsque ma fille avait 8 ans, aller vers l'autre était compliqué. Les séances chez les thérapeutes étaient toujours précédés d'âpres négociations avec elle. Entamer une nouvelle activité était source de pleurs et de stress.
Aujourd'hui, ma fille va en colo. Elle fait de nouvelles activités de façon plus sereine. Elle est même demandeuse de faire de nouvelles choses. Peu à peu, à force de faire de nouvelles expériences, même si c'est encore timidement, elle s'autorise à OSER.
... On peut donc supposer qu'elle ira encore très loin!
Ce que les spécialistes constatent tous les jours, c'est que ma fille n'est pas à l'attendu par rapport aux performances des enfants de son âge.
Ce que je constate tous les jours, c'est que ma fille acquiert des compétences nouvelles en permanence: compétences évaluées scolairement, mais aussi qualités humaines. Il n'y a donc aucune raison que cela s'arrête!
Je ne doute pas qu'à l'âge adulte, elle saura lire, écrire et même compter, parce qu'elle s'y met aujourd'hui pour une seule et bonne raison: elle y voit une utilité.
Elle aura même acquis au passage quelques précieux avantages dont beaucoup d'enfants "normaux", (plus encore ceux qui sont brillants scolairement) sont dépourvus:
- la gestion de ses émotions
- la connaissance et la maîtrise de ses points forts
- la volonté
- la persévérance
Peu à peu, l'acquisition du langage structure sa pensée et son raisonnnement. Oui, car accéder aux notions abstraites sans pouvoir verbaliser ses pensées, c'est compliqué!
Jour après jour, je constate qu'elle a des envies, des passions, une énergie et une volonté qui lui permettront d'être autonome. Ok, comme me disent certaines amies, il est peu probable qu'elle devienne banquière, mais ça n'est peut être pas plus mal ;)
Alors, moi j'ai envie de dire à tous les parents qui partagent ce quotidien: courage! Et prenez grand soin des personnes dont vous vous entourez. Fuyez surtout les oiseaux de mauvais augures qui vous feront des prédictions négatives sur vos enfants. Nous avons assez à gérer sans nous encombrer de boulets.
Pourquoi une AVS?
Qu'est ce qu'une AVS?
L'AVS ou Auxiliaire de Vie Scolaire est une personne déléguée auprès d'un enfant (ou plusieurs si elle est "mutualisée" - j'adore ce terme, on a l'impression de parler d'une salle ou d'une voiture), pour l'aider à suivre une scolarité "normale".
Pour l'obtenir, Il faut le vouloir remplir un dossier auprès de la MDPH et attendre son accord.
Voilà, c'est simple. Avec ma fille, j'ai simplement dû envoyer le dossier administratif, accompagné du bilan orthophoniste, du bilan ortho logico-mathématique, du bilan orthoptiste, du bilan psychomot, du bilan ergothérapeute, du certificat de la neuro-pédiatre, et du dossier scolaire et GEVASCO. Vous voyez, c'est simple. En général, si vous vous y prenez bien et en étant chanceux, en 12 à 24 mois, c'est fait (ça, c'est si vous faites une croix sur les centres référents de langage, sinon ajoutez 12 à 24 mois). Bien-sûr, vous pouvez toujours envoyer un dossier incomplet, cela accroît simplement vos chances de refus.
Après envoi du dossier, il suffit d'attendre que la MDPH délibère. Comptez en moyenne 9 mois (vous avez le temps de mettre un autre petit bébé DYS en route et même de le faire naître)
Ensuite, quand vous êtes chanceux, la MDPH vous accorde une AVS: la fameuse notification MDPH ! Le Graal de nombreux parents d'enfants DYS! Parfois vous avez droit à un refus, et vous pouvez faire un recours pénible et couteux. Parfois, on vous signifie simplement que votre enfant est trop atteint pour espérer suivre une scolarité dans le cursus classique, économisons l'AVS et envoyez le plutot en IME....
Bon, gardons l'option optimiste: vous avez la notification de la MDPH. Entre en scène l'inspection académique qui se met à la recherche d'une AVS.
En général, il n'y en a aucune disponible, il faut donc aller la recruter.
Le statut d'AVS est un contrat aidé, peu de personnes peuvent y prétendre. C'est un statut précaire où il faut avoir le niveau bac et aucune formation (il paraît que c'est en train de changer). Les contrats sont d'une durée maximum de 5 ans, ce qui fait qu'une fois bien formées, elles ne peuvent plus exercer (a priori ça devrait aussi évoluer, qu'on nous dit, mais prudence, nous sommes en période pré-électorale)
Il faut savoir aussi qu'elles ont un contrat de 20h hebdomadaire. Oui, 20h. Les enfants ont 24h de cours par semaine.
Ce qui simplifie les choses.
Si j'ai une notifcation de 12h par semaine pour mon enfant, et que l'AVS se partage avec deux enfants qui ont 12h par semaine, il en manque 4 ... Donc tant pis, votre enfant n'aura que 10 heures, et l'autre aussi. Mais c'est déjà tellement bien!!!!!!!! Pensez à tous ceux qui n'en ont pas!!!!!!
C'est ainsi que ma fille, qui a une notification de 15h par semaine a son AVS 10h par semaine (12h cette année, youpi, c'est vraiment fête cette rentrée pour moi). Voilà, c'est normal, et puis c'est ça ou rien. Ca valait le coup de se battre...
Bref, vous vous dites: "ok. C'est galère à obtenir, mais bon, une fois qu'on a sa notif, on est tranquille". Là, vous êtes en plein Barbieland, revenez sur terre. Une notification est donnée pour une année scolaire, deux si vous êtes chanceux. La beauté de cette organisation, c'est que pour un renouvellement, vous devrez refaire TOUS les bilans auprès de TOUS les professionnels! Mais généralement l'attribution de l'AVS se fait plus rapidement, ou par anticipation de la notification de renouvellement (ouf).
A quoi sert l'AVS?
Elle sert à ce dont a besoin l'enfant. L'AVS va s'adapter à chaque enfant et permettre à ceux qui ont de trop grosses difficultés de poursuivre leur scolarité dans une classe "ordinaire".
La notions de "grosses" difficultés est aussi complexe: il faut que l'enfant soit suffisamment en difficulté pour en obtenir une, mais pas trop, sinon, c'est de la nourriture aux cochons, vous voyez le genre. Donc quand on établit le dossier MDPH, il faut savoir bien doser. Surtout ne pas montrer que l'enfant a beaucoup progressé et développé une autonomie, sinon, on risque de lui retirer l'AVS. Mais montrer quand même qu'il y a des progrès, sinon, l'AVS ne sert à rien non plus.
Bref, l'AVS va aider physiquement un enfant ayant un handicap physique.
Pour celui qui ne sait pas écrire, elle va lui servir de secrétaire.
Pour celui qui ne sait pas s'organiser ou se repérer dans l'espace, elle va l'aider à planifier, ranger, ordonner...
Pour celui qui est perdu dans ses consignes, elle va déchiffrer avec lui l'énoncé et rééxpliquer les consignes pour lui.
Pour celui qui a des troubles de l'attention, elle va le ramener dans le cours du cours................
Et ainsi de suite.
Bien entendu, pour nos DYS, elle fait en général plusieurs choses à la fois.
Qu'est ce qu'elle ne fait pas?
- le boulot de l'enseignant: la pédagogie, le cours, la correction des exercices...
- le boulot d'un professionnel de la santé: elle ne fait pas de rééducation
Son rôle reste généraliste, c'est un accompagnant. Et heureusement vu sa formation.
Je suis pour
Evidemment que je suis pour: si ma fille avait été sans AVS en classe, comme elle ne fait pas de bruit, elle aurait été oubliée au fond de la classe. Elle aurait regardé voler les mouches et les fées clochettes pendant des heures. On peut dire qu'il y a 50 ou 60 ans de cela, elle aurait été cataloguée comme l'idiote du village. Au pire, elle aurait eu un enseignant qui l'aurait pris en grippe et l'aurait traité de grosse feignasse (ça reste hélas encore parfois d'actualité, même avec diagnostic, dossier MDPH et AVS...)
Lors des exercices et évaluations, elle serait perdue face à sa feuille et ses compétences ne seraient pas évaluées.
Oui, elle a son AVS lors des évaluations et il faut parfois se battre pour qu'il en soit ainsi, car on estime qu'avoir une AVS c'est tricher! Et quand vous êtes myope comme une taupe, est-ce qu'on vous demande de retirer vos lunettes pour les exam, sinon c'est tricher?
Mais l'AVS lui apporte aussi une confiance. Elle l'incite à lever le bras et répondre à des questions. Parfois c'est faux et elle la félicite de s'être trompée: une chance pour elle de mieux retenir!
Face à sa différence, elle a pu avoir des rejets de camarades: c'est un réconfort pour elle de pouvoir lui en parler. Et l'AVS peut servir de médiatrice, et parler avec les autres enfants, quand celle-ci est impliquée dans la vie de l'école. (l'AVS de ma fille fait l'étude le soir, garde les enfants en récréation et anime aussi un groupe lors des TAP)
Je suis contre
- L'AVS est la solution palliative d'un système scolaire en échec.Elle permet à l'enfant de suivre une scolarité "normale" (dans une certaine mesure et jusqu'à un certain point), dans un système de plus en plus défaillant et "excluant".
Elle est mise en place non pas par bienveillance et prise de conscience d'un "problème", mais parce que l'instruction est obligatoire jusqu'à 16 ans et que l'instruction à domicile n'est pas du tout encouragée. Et parce que depuis 2005 , la loi oblige l'école à accepter les enfants en situation de handicap! Ils n'ont pas le choix!
(ceci est une opinion personnelle qui n'engage que moi)
Pour illustrer mon propos sur l'inadaptation de l'école à notre monde actuel, voici une vidéo sur le manque d'évolution de notre système éducatif: c'est très bien vu, enjoy!
- Tout ce que l'AVS fait, l'enseignant pourrait le faire s'il avait une classe dimensionnée pour pouvoir le faire.
Cette année, je dirais même que l'enseignant de ma fille le fait très bien quand son AVS n'est pas là : parce qu'elle a beaucoup de chances! Pour vous dire même: le planning de son AVS n'étant pas idéal (elle n'est là que 12h et pendant le sport, totalement inutile dans le cas de ma fille...), son maître a dit: "oui, mais c'est pas grave! J'écris pour elle, je m'assoie à côté d'elle!" C'est un comble quand on a une notification d'AVS pour 15h, qu'elle est présente 12h, et même pas quand c'est nécessaire: le maître prend le relais.
En matière d'enseignants, pour ces enfants-là, c'est vraiment quitte ou double. Certains (99%) ne connaissent pas, certains nient le handicap (l'enfant est feignant, les parents sont laxistes).
- Les AVS n'ont pas de formation. Ce sont des emplois aidés, des personnes qui ne savent elles-mêmes pas forcément bien lire, compter ou écrire. Elle sont formées pendant l'école, pas avant. d'avoir pris en charge des enfants handicapés. Comble de l'ironie: on n'adapte pas le profil de l'AVS à celui de l'enfant. Exemple des plus cocasses: une mère d'enfant dysphasique (= trouble du développement du LANGAGE) racontait: "youpi!!! après des mois et des mois d'attente, mon fils a une AVS! Seul hic: elle est italienne et parle très mal français".
- Avoir une AVS pendant toute sa scolarité n'est pas sans conséquence sur la construction de l'enfant:
- même si elle peut lui amener confiance en lui, elle peut aussi ne jamais lui en donner en le laissant croire qu'il ne pourra jamais arriver à rien tout seul
- l'AVS, le bénéfice secondaire d'une difficulté: je peux légitimement en faire moins, je peux revendiquer ma fatigue.
En conclusion, je suis ravie d'avoir obtenu une AVS pour ma fille faute de mieux...
Comment les enfants DYS vivent-ils leur dysférence?
J'inaugure ici un nouveau type d'article que j'appelle "participatif". En effet, avec ma fille, je baigne dans l'univers DYS, mais comme il y a autant d'enfant DYS que de façon de le vivre, j'ai envie d'élargir mes horizons et de vous laisser la liberté d'enrichir mon blog par vos commentaires.
La question du jour est... Comment un enfant DYS vit-il sa dysférence?
Pour ma fille c'est une vraie question, pour laquelle je n'arrive pas à avoir de réponses claires.
En effet, elle est consciente de ses différences, car elle l'exprime en disant qu'elle a des "difficultés", avec un détachement digne de Bouddha. Parfois, elle me demande de jouer à la maitresse avec elle, et je dois jouer à l'élève "comme moi, tu sais bien... qui a des difficultés"... Mais j'ai parfois l'impression que c'est plus par répétition de ce qu'elle entend que ce qu'elle ressent réellement, car elle va à l'école en sautillant et n'éprouve pas de souffrances, tant qu'elle a des copines et un environnement compréhensif.
Elle va de spécialistes en thérapeutes avec une apparence de flegme et distance (elle en a tellement vu...), se prête plus ou moins de bonne grâce aux très nombreux bilans. Elle parle mal et chante faux, mais elle le fait, même si on lui fait remarquer. Bref, elle ne me semble pas souffrir de complexes.
Et sa confiance en elle?
Là encore, étant donné qu'elle baigne dans un univers bienveillant (ou plutôt: tant qu'elle y baigne), elle me semble pas si mal que ça, au vu de ses nombreuses difficultés. Elle n'a pas de complexes à lire et même à réciter sa poésie devant la classe (je vous rappelle qu'elle est dysphasique, je suis donc très impressionnée).
Mais c'est aussi un travail quotidien pour arriver à ce résultat (oui, je me félicite, on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même)
ça c'est moi me jetant des fleurs
Pour essayer de vous illustrer mes propos, je vous donne quelques exemples:
- Un jour en rentrant de l'école, elle m'a dit: "maman, tu vas être contente" , et elle m'a sorti fièrement son évaluation de maths: 4/20... Pourquoi cette fierté, pouvez-vous légitimement penser? Réponse: "le maître m'a laissé tout faire toute seule!" Et bien oui: le travail que je lui avais demandé, c'était l'autonomie, pas la justesse des résultats! ON ne peut pas tout faire et tous les spécialistes vous le diront: les doubles tâches, c'est compliqué pour les DYS.................
- Lors du bilan avec son ergothérapeute, ce dernier lui demande: "tu connais tes tables de multiplication?" Sa réponse est exemplaire: "pas toutes. Je connais la table de 1" . Elle ne peut pas dire qu'elle ne connait rien, n'est-ce pas? Et cela révèle une certaine forme de confiance.
Et avec les autres?
Dans ses rapports avec les inconnus, elle reste tès fortement sur la réserve, même à 10 ans, mais j'ai pu constaté que les choses se débloquent très vite avec?..... Des personnes non francophones. Dans le métro, elle a le chic pour capter l'attention des étrangers, et je me rappelle d'un homme asiatique qui lui a fait des origamis pendant tout le trajet. Quelque chose se passait entre eux, au delà des mots. Récemment à Londres, elle était très perturbée qu'on ne parle pas français, et encore plus que sa mère aussi s'y mette! Pourtant, elle arrivait en sautillant (oui je sais, encore: elle doit être le fruit d'un croisement de sauterelle et de feu follet) devant les employés et disait "hello" ou "bye bye" en repartant, comme si le fait que ce ne soit pas sa langue la désinhibait...
Passons au côté obscur de sa confiance
Une fois ce tableau idyllique dressé, je sais bien que ma fille souffre d'un trouble anxieux très fort, et qu'un rien peut totalement la paralyser (son mécanisme de protection). Elle se met en larmes et tant que l'on n'a pas trouvé la clé pour la débloquer, rien ne pourra s'arranger.
Déjà elle déteste qu'on luin parle de ses "difficultés". Elle veut être comme tout le monde et qu'on l'oublie...
Son trouble anxieux, je l'ai vécu à de très nombreuses reprises et je vous donne le dernier en date. Il m'a frappé car elle était depuis la rentrée dans une phase très positive et ouverte, mais bénéficiait aussi d'une environnement idéal comme elle n'a jamais eu (même maitre, même AVS et nouvelles copines super). Et j'ai donc réalisé que ce trouble était latent et ne demandait que l'occasion de refaire surface.
Elle commence les séances d'ergotherapie avec un monsieur qui vient dans son école le matin une fois par semaine. Lors du premier rendez-vous, elle a très mal dormi la veille, avait besoin de savoir dans le détail comment tout allait se dérouler, j'ai tenté de la rassurer sans succès, et le lendemain, elle était en pleurs devant l'école, le directeur essayant de la rasurer à son tour... jusqu'à ce que je comprenne que la grosse angoisse était que ses copines, voyant qu'elle avait besoin d'aide, ne l'aiment plus. Je suis entrée dans la cour et j'ai parlé avec 2 de ses bonnes copines, qui l'ont rassuré en lui faisant un gros câlin, et la pression est immédiatement retombée. Je n'aurais pas trouvé cette clé, la séance aurait été impossible. Mais en même temps, super maman devrait aussi s'effacer pour la laisser apprendre à gérer ses émotions seule...
Autre constat: elle ne pense pas qu'elle soit douée pour quoi que ce soit, parce qu'elle a des difficultés dans toutes les matières à l'école. C'est comme ça. On va pas se flageller, elle sait qu'elle a le droit de vivre et d'être aimée, c'est déjà ça. Mais ça me fait bondir qu'elle puisse assimiler "être douée pour quelque chose" avec "être douée pour une matière scolaire".
Fort heureusement, elle fait d'autres activités extra-scolaires dans lesquelles elle se débrouille sans aide et surtout sans difficulté! Elle peut ainsi constater qu'elle a commencé par un niveau débutant, puis qu'elle a progressé. Et qu'on ne sait donc jamais faire quelque chose avant de l'avoir fait. Sage philosophie, n'est ce pas?
Maintenant à vous! Racontez-moi comment vos enfants vivent leur dysférence? Pour les plus grand, l'adolescence change -t-il beaucoup les choses?
Comment mémoriser une leçon ?
Lorsqu’on a un enfant DYS, on tombe dans un autre monde lorsqu’il s’agit du scolaire. J’étais moi-même une bonne élève et mon fils aîné également, et je ne m’étais de fait jamais posé de questions sur les méthodes d’apprentissages, car finalement, peu importe la méthode, moi, comme lui, nous en sortons toujours.
Avec ma fille j’ai découvert les programmes, et parfois leur absurdité. Il a fallu attendre le CM1 pour que j’entende un enseignant parler de leur apprendre comment apprendre !
Bravo à lui !
Pour ma part, j’avais commencé à creuser le sujet bien avant, car il fallait bien l’accompagner dans son apprentissage scolaire, notamment sur ce sujet : comment mémoriser une leçon ? J’en ai déduit quelques pistes :
1/ avoir le temps : le prendre !
On ne sait jamais combien de temps apprendre une leçon va prendre. Parfois cela passe comme une lettre à la poste, et parfois c’est plus laborieux. C’est important que l’enfant sente que le temps passé sur une leçon n’a aucune importance pour vous. Si je commence à dire à ma fille : « dépêche-toi ! », c’est l’échec assuré.
2/ s’assurer que l’enfant soit dans de bonnes conditions
Personne n’apprend correctement quand il n’a pas la tête à le faire. Je me rappelle de mon fils au CP, alors que nous traversions une période familiale compliquée : il s’est retrouvé devant un exercice où il n’a rien pu faire. Sa maîtresse n’a pas compris, et lui non plus. Il me disait : « je n’avais rien qui venait ». Dès lors qu’il a été plus serein, tout est rentré dans l’ordre.
Donc, avant tout exercice de mémorisation
- Chasser le stress. Ne pas commencer tant que l’enfant n’est pas détendu !
- Proposer imposer un palier de décompression et de mise en attention : j’utilise principalement le yoga (pour ceux qui aiment bouger), la respiration (pour la détente), le coloriage de mandala (pour la concentration)
3/ Donner un objectif et fixer la durée du travail de mémorisation (ou pas...)
Exemple : tu vas apprendre la première strophe de la poésie en 15 minutes.
Ou encore : nous allons étudier aujourd’hui le premier chapitre de la leçon d’histoire en 20 minutes.
ça, c’est la théorie que j’ai lu à plusieurs endroits. Cela doit donc marcher avec une majorité d’enfants.
Avec ma fille, fixer une durée d’apprentissage est source de stress (cf n°1 !)
Si elle a le sentiment d’avoir le temps, il n’y a pas besoin de fixer un temps… Elémentaire, mon cher Lapalisse ! ;)
Car se hâter est la première cause de ralentissement chez elle. Elle veut toujours avoir fini avant d’avoir commencé ! Donc la priorité est de l’assurer qu’elle aura le temps après de faire d’autres choses. De toute façon, on ne passe pas deux heures sur des devoirs avec un enfant, et encore plus avec un enfant Dys.
4/ Donner un objectif de restitution !
C’est beaucoup plus pertinent ! Sans cela, la leçon peut être apprise laborieusement pour faire plaisir à maman et être oubliée au réveil le lendemain. Ce qui est carrément déprimant…
Exemple : imagine que tu sois en classe jeudi et que tu doives réciter la première strophe de la poésie.
Ou alors : lundi prochain, tu devras pouvoir raconter ta leçon d’histoire pour ton évaluation.
Bref, on apprend pour quelque chose, et on est tous pareil là dessus… Je me rappelle qu’en terminale, j’ai appris mes leçons de maths avec pour objectif d’avoir le bac, et une fois que je l’ai eu en poche, deux mois après, j’avais oublié tout le programme de maths de terminale. Bien évidemment : pour moi, aucun intérêt de m’encombrer la mémoire avec cela vu que je ne souhaitais pas poursuivre dans la voie scientifique ! Pour en avoir discuté avec d’autres adultes, la mémorisation a été bien meilleure lorsqu’ils ont appris par goût des maths, parce qu’ils souhaitaient entrer en prépa ou fac de sciences, ou tout simplement parce que cela faisait sens pour eux dans leur quotidien.
5/Comprendre le mode d’apprentissage de l’enfant: visuel, auditif, ou kinesthésique
Ca parait simple, mais pas tant que ça finalement.
Je pensais que ma fille était purement kinesthésique.
Pourtant, je découvre que le visuel fonctionne pour elle (surtout si on les crée avec elle, car faire intègre le kinesthésique)
Et finalement même l’auditif peut marcher.
Surtout ne sous estimez jamais le quatrième mode d’apprentissage, qui, lui, est universel : le jeu.
Je vous renvoie vers un autre article un peu plus développé.
6/ Le sens : s’assurer que la leçon évoque quelque chose à l’enfant
Youpi! Je recommence le CM1 avec ma fille cette année. Et je vois qu’elle découvre avec la même candeur que l'an passé les phrases injonctives, exclamatives et interrogatives. Idem, le temps conjugué, l’infinitif, toutes ces choses laborieusement étudiées, et je passe les COD, COI et complément circonstanciel de temps, de lieu et de manière… où vous vous dites peut-être comme moi : why ?
Tous les jours, au travail, vous devez comme moi vous exclamer en réunion : « chef, quelle belle phrase interrogative vous avez construit là ! » ou encore « allez, soyons fous : casons 3 compléments circonstanciels dans la même phrase ! » Non ?
Contrairement aux autres enfants, pour nos enfants DYS, sans le sens, la leçon ne sera jamais mémorisée, et le temps passé à s’y essayer du temps perdu. Au final, un échec. Et il y en aura. Ce qui nous amène au point 7…
7/ Accepter que son enfant n’est pas bête parce qu’il ne mémorise pas
En tant que parent bienveillant, vous vous dites : « évidemment ! ». Mais si votre enfant est stressé comme la mienne au moment de ses devoirs et que vous êtes vous-même un être humain, et non par la réincarnation d’un boddhisatva, vous comprenez ce que je veux dire (« non mais c’est pas possible ! elle fait exprès ou quoi ???? C’est tellement évident !!! et elle le savait hier !!!Pire ! Elle le savait au début de l’exercice !»).
Qui sait, ce lent chemin d’acceptation de son enfant pour ce qu’il est, simplement et totalement, fera-t-il de nous un futur boddhisatva ;)
Là, c'est moi dans quelques années..........................